« Nos fermes tournent autour du drainage »
Guillaume Bono et Maxime Verlin, agriculteurs dans l’Aisne, doivent tous deux gérer le drainage qui concerne plus de 50 % de leur surface.
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Des sources résurgentes, des drains ou des collecteurs qui se bouchent, c’est ce à quoi doivent faire face à partir de novembre Guillaume Bono et Maxime Verlin, tous deux agriculteurs sur la commune de Cagny (Aisne). Le premier exploite 110 hectares dont 50 % sont drainés et le second cultive une surface de 170 hectares dont 80 hectares sont drainés. Ils cultivent un mélange de cultures variées allant des céréales aux betteraves. « Nous avons sur notre secteur, un sol très hétérogène, il est ainsi possible sur une même parcelle de passer de l’argile à du sable. Il y a donc une partie de la parcelle qui absorbe correctement l’humidité quand l’autre partie nécessite d’être intégralement drainée », précise Guillaume.
Déboucher les conduites
« Le bouchage des drains arrive de manière aléatoire, mais nous les découvrons le plus souvent pendant les périodes humides et notamment au moment des labours d’hiver. Après, de manière plus sporadique, il peut y avoir des bouchages toute l’année. Lorsque cela se produit, il est plus ou moins urgent d’intervenir. En effet, selon l’emplacement du blocage, le bouchon peut causer un problème critique, car l’eau en amont continue de s’écouler jusqu’au point de congestion, donc, plus le drain est long, plus c’est problématique. La pire situation arrive lorsque le collecteur se colmate, car là, c’est toute l’eau de tous les drains qui affluent vers le bouchon et l’eau risque de ressortir en amont », indique Guillaume. Ce dernier, pour essayer de déboucher ses drains, utilise une déboucheuse en Cuma. Il arrive parfois que ça ne suffise pas, et alors là, il est nécessaire de creuser. C’est d’ailleurs le choix que Maxime fait systématiquement. Ce dernier explique : « Pour chercher le bouchon dans le drain, nous faisons venir une minipelle, nous creusons à la perpendiculaire pour trouver le drain et ensuite, nous remontons jusqu’au bouchon. Nous enlevons alors la terre pour accéder au drain. Dans les cas les plus extrêmes, il est nécessaire de creuser un second trou à côté pour dévier l’eau, le temps que le problème soit réglé », précise Maxime. Le second trou n’est pas systématiquement creusé. Lorsque le débit n’est pas trop important une simple pompe à eau chargée peut être installée pour évacuer l’eau.
« La recherche et le débouchage de drains demandent également de la patience. Parfois, il faut savoir renoncer pour revenir plus tard. Par exemple, j’ai déjà mis plus de trois jours pour trouver un bouchon sur un drain. Dans les cas les plus extrêmes et en fonction de la période, je suis amené à changer la culture de la parcelle concernée. Par exemple, je passe d’un blé à un maïs afin de me laisser le temps de régler le souci », complète Maxime.
Adapter ses cultures
Guillaume, contrairement à Maxime essaye d’éviter le plus possible de semer du colza dans les terres drainées, car les racines descendent profondément et ont tendance à boucher les drains. Maxime a décidé, quant à lui, de ne pas adapter sa rotation de culture en fonction des parcelles drainée sou pas. C’est ainsi qu’il se retrouve régulièrement à devoir déboucher des drains, voire à en installer de nouveaux. « Les repousses de colza et la moutarde utilisée pour les couverts nous posent également des problèmes. De plus, les contraintes dues aux racines ne sont pas forcément visibles sur le moment, mais seulement l’année d’après », précise Guillaume. « Les parcelles sur lesquelles nous posons des nouveaux drains, sont principalement des anciennes pâtures dont nous ne connaissions pas forcément l’état hydrique. Il y a donc, en fonction de l’humidité de la saison, des sources qui apparaissent. »
Installer de nouveaux drains
Deux cas de figure principaux imposent aux chefs d’exploitation d’installer de nouveaux drains. En cas de bouchage, souvent, il est plus rapide de repasser un drain que de chercher le drain existant. Lorsqu’ils trouvent rapidement les drains, ils préfèrent couper la section bouchée et la remplacer par une section neuve. Sur les plus vieux réseaux, les drains sont en terre cuite, mais les exploitants remplacent aussi la partie problématique par un drain neuf en PVC. L’autre cas survient avec les années humides qu’ils ont connues récemment. Les deux agriculteurs ont ainsi vu apparaître des sources dans leurs champs, alors même que ces dernières avaient disparu depuis plus d’une quarantaine d’années.
« J’arrive à poser environ 150 m de drain en une matinée, mais le débit de chantier dépend principalement du chauffeur de la pelle. Les drains sont enterrés à 60 cm de profondeur. Ils font soit 80 ou 60 mm de diamètre et sont connectés à un collecteur qui lui fait 200 mm de diamètre » explique Maxime.
Les deux agriculteurs précisent que lorsqu’ils sont amenés à travailler sur un drain, ils font toujours en sorte d’être à deux, une personne dans le trou et une autre dans la pelleteuse. C’est principalement pour une question de sécurité, car une tranchée peut s’effondrer. Guillaume affirme par ailleurs y avoir déjà laissé des bottes une fois et s’être accroché à la pelle pour sortir avant que la terre autour de lui ne s’effondre.
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